Le mouvement anti-RTHK - 2 Avril 2020
1/ Aujourd’hui RTHK est à nouveau pris pour cible pour avoir exprimé des opinions “non conformes à la version officielle”. Le mouvement anti-RTHK organisé par le camp pro-Pékin dure néanmoins depuis des mois, regardons où tout a commencé.
2/ Les manifestations à Hong Kong semblent être le point de départ de cet orage politique. Les méthodes d’interrogation directe et pragmatique de la journaliste RTHK Nabela Qoser envers les autorités gouvernementales pendant les conférences de presse en ont fait une héroïne chez les manifestants.
3/ Ce faisant, elle s’est également attirée les foudres du camp pro-Pékin à cause de ses questions un peu trop pertinentes, mettant à mal les représentants des autorités, y compris la cheffe de l’état Carrie Lam. Certains sont allés jusqu’à demander son licenciement immédiat.
4/ Les internautes chinois l’ont même ciblée dans une série de propagande visant à diaboliser ceux qui supportent les manifestations prodémocratie.
5/ Le 13 Août, environ 30 personnes se rassemblent devant les bureaux de RTHK pour protester contre le comportement “non-professionnel” et “biaisé” de RTHK à l’encontre du gouvernement.
6/ Une autre manifestation anti-RTHK a été organisée le 24 Août. Les journalistes se sont fait verbalement et physiquement aggresser par des personnes agitant des drapeaux Chinois accusant RTHK d’être “une force subversive”
7/ Le 9 Janvier, la chaîne locale pro-Pékin TVB soumet à l’Autorité des Communications une demande pour annuler leur diffusion des programmes produits par RTHK. TVB argumentait par le passé que cet accord de diffusion obligatoire des programmes de la chaîne publique était un “reste historique dépassé”.
8/ Le 14 février, l’émission satirique des affaires courantes “Headliner” de RTHK provoque un tollé pour avoir suggéré pour plaisanter que la Police Hongkongaise possédait plus de PPEs que les autres agences gouvernementales durant la pandémie de Covid-19. Sous-titres en anglais par @RealHKNews.
9/ Le commissaire de police Christ Tang a soumi une plainte formelle contre RTHK qu’il accuse de "traîner la police dans la boue” et de “manipuler le public”.
10/ J’ai compté au moins 5 manifestations anti-RTHK après que l’épisode controversé de Headliner ait été diffusé (18, 19 et 28 février, 5 et 13 mars). Les supporters du gouvernement accusent RTHK de diffuser des “fake news”, de “répandre la haine” et “d’endommager Hong Kong”.
11/ Les critiques de RTHK insistent toujours que le média, étant financé par des fonds publics, devrait se focaliser sur la création de contenus en alignement avec et faisant la promotion de la politique du gouvernement sous peine de faire face à des réductions budgétaires.
12/ L’Autorité des Communications annoncent que les médias commerciaux ne SONT PLUS obligés de diffuser les programmes de RTHK. Un retour en arrière sur la politique de longue durée visant à promouvoir le média public RTHK.
13/ Le comité de conseil de RTHK, présidé par le pro-Pékin Eugene Chan, somme le média de gérer les plaintes “rigoureusement” et de discuter “comment améliorer la ligne éditoriale pour mieux suivre les valeurs de RTHK”.
14/ RTHK fait face à des pression grandissante d’être “politiquement correct”
15/ La question est: Pour combien de temps encore est-ce que RTHK peut conserver son indépendance éditoriale?
16/ Un jour prochain, RTHK sera sans doute obligé de vouer loyauté absolue au CCP, de protéger les intérêts du parti Chinois et de “porter le nom du parti” à l’instar des médias Chinois.
17/ 2 présentateur d’émissions radio de RTHK sont licenciés à la suite de plaintes à propos de leur comportement hors du travail. L’un d’entre eux est accusé d’avoir posté un Fai Chun (une décoration traditionnelle pour les fêtes sous la forme d’une bande de papier sur laquelle est inscrite une phrase) sur ses réseaux sociaux dont l’inscription serait un “discours de haine”.
18/ Sans surprise, des manifestants-mercenaires sont de sortie pour appeler au licenciement de @yvonne_tg pour avoir fait la promotion de l'indépendance de taiwan.
19/ Lorsque tout le camp pro-Pékin, y compris la cheffe de l'exécutif Carrie Lam sortent les crocs pour condamner RTHK, il est évident que les jours de libertés et d'indépendance politique du média sont comptés.
20/ Le retrait de ressources et de financement de RTHK est-il donc juste un “inévitable” développement logistique et économique, ou une punition du média pour avoir refusé d’abandonner son indépendance éditoriale et de ne devenir qu’un énième porte-parole du gouvernement ?